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La dixième journée de Ligue 1 a démarré avec deux matchs, vendredi 1ᵉʳ novembre, mais les suiveurs du championnat de France de football n’ont rien pu en voir sur les réseaux sociaux. Le diffuseur principal, DAZN, a renoncé dernièrement au partage des buts inscrits sur les pelouses de Ligue 1 sur ses plateformes numériques, X, TikTok ou Instagram. Depuis le week-end dernier, une forme de black-out des actions les plus spectaculaires du football français s’impose donc sur les réseaux sociaux.
En début de saison, DAZN avait pourtant pris le parti de partager en quasi-direct certaines d’entre elles lors de chaque journée. Une décision saluée par de nombreux observateurs, tant cette mise en avant du championnat sur les plateformes numériques était attendue de longue date. Mais moins de trois mois après le coup d’envoi de la saison 2024-2025 de la Ligue 1, le nouveau diffuseur a fait machine arrière.
« Après le “freemium” [modèle qui propose des contenus gratuits pour attirer des consommateurs vers ceux qui sont payants] dans un premier temps afin de faire connaître la marque au public le plus large possible, l’idée est désormais de favoriser le service à nos abonnés. C’est une stratégie de marketing classique », précise-t-on chez DAZN, qui a acquis, en juillet dernier, la diffusion de huit des neuf matchs de chaque journée de Ligue 1, contre un montant de 400 millions d’euros par an, jusqu’en 2029.
La plateforme britannique, qui se rêve le « Netflix du sport », se détourne donc d’un précieux produit d’appel. D’autant qu’avec environ 500 000 abonnés – selon une estimation de L’Equipe réalisée vendredi –, elle n’a atteint que le tiers de son point d’équilibre. Fin 2025, si DAZN n’a toujours pas atteint 1,5 million d’abonnés, le diffuseur ou la Ligue de football professionnel (LFP) pourra demander à mettre un terme, à l’issue de la saison 2025-2026, au contrat qui les lie. Afin d’attirer de nouveaux clients, DAZN a plutôt décidé de prolonger jusqu’à la fin de l’année 2024 sa promotion lancée en septembre, avec un passage de son abonnement de 29,99 euros à 19,99 euros par mois, assorti d’un engagement d’un an.
Le contre-pied du nouveau diffuseur sur le partage des buts sur les réseaux sociaux ne s’inscrit pas dans la lignée des intentions récentes de la LFP. Cette dernière souhaite moderniser l’image de la Ligue 1 et en faire la promotion, notamment sur les plateformes numériques où se trouve un jeune public, plutôt que de restreindre son accessibilité de la sorte. Ces dernières années, l’institution dirigée par Vincent Labrune avait souvent été critiquée pour son conservatisme sur le sujet et s’était donc décidée à évoluer.
En octobre 2021, le but splendide inscrit par le Stéphanois Wahbi Khazri contre Metz, d’un lob de 60 mètres, avait relancé le débat. La LFP n’avait pas vendu les droits d’exploitation des images du championnat sur les réseaux sociaux à Amazon Prime Video, le diffuseur de l’époque. L’exploit du joueur tunisien était donc passé totalement inaperçu sur X, TikTok et Instagram. Du moins en France.
Pendant qu’Amazon Prime Video se contentait d’un malheureux schéma pour décrire l’action, les images du but étaient, en effet, relayées par de nombreux comptes situés à l’étranger. Le blocage géographique avait cependant empêché les fans de l’Hexagone de les visionner. Ces derniers avaient dû attendre le lundi matin pour voir le but de leurs propres yeux. La LFP s’était alors justifiée de vouloir protéger les droits acquis par les diffuseurs et de lutter contre le piratage.
Echaudée par ce « bad buzz » et finalement convaincue par le modèle de la NBA et la NFL – dont les diffuseurs partagent depuis des années des extraits vidéos sans pour autant constater une baisse de leur nombre d’abonnés –, la Ligue avait donc conclu un accord avec DAZN, lors de l’attribution des droits en juillet, sur l’exploitation de ces séquences sur les plateformes numériques.
La récente inflexion du diffuseur, qui a fait son arrivée sur le marché français il y a seulement quelques mois, impacte la promotion de la Ligue 1. Contactée, la LFP n’a pas souhaité réagir à cette décision. Le championnat de France, en plus de subir la concurrence sportive des grands championnats européens, se retrouve désormais relégué sur les réseaux sociaux derrière les nombreuses images de buts inscrits en Ligue des champions et en Premier League. Le diffuseur de ces deux compétitions, Canal+, n’hésite pas, lui, à les partager abondamment.
Les suiveurs de la Ligue 1 peuvent toujours visionner les résumés des matchs publiés sur la chaîne YouTube de la LFP… le lundi matin. Ou accéder aux buts en quasi-direct – soit une minute après qu’ils ont été inscrits – sur Free Foot, qui a noué un partenariat avec DAZN lors de l’attribution des droits. Mais pour cela, les fans doivent télécharger l’application. Une démarche supplémentaire parfois rédhibitoire, qui ne permet pas d’endiguer un phénomène croissant d’invisibilisation de la Ligue 1.
Denis Ménétrier
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